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Les révolutions du regard
Van Eyck et Titien
Réalisé par : Anne-Marie Sangla
Auteur : Serge Bramly
Présenté par Serge Bramly
Serge Bramly nous raconte la vie de génies dont les créations ont forgé et changé notre façon de voir, à travers leurs combats dans le monde qui était le leur, et leurs rapports à leurs rivaux et à leurs prédécesseurs, et leurs convictions, leurs trouvailles révolutionnaires. Cet épisode s'intéresse aux artistes Van Yeck et Titien qui, avec un siècle seulement de différence, représentent une radicalisation dans le style. La matière disparait ou explose, mais paradoxalement, quelle que soit la manière, le spectateur est frappé par la justesse picturale.Ambassadeur secret de Jean le Bon, le peintre flamand Jan Van Eyck (v.1390-1441) fut crédité par la Renaissance de l’invention de la peinture à l’huile, laquelle finit par remplacer complètement les anciennes techniques à l’eau. Le procédé permettait d’atteindre, dans le rendu des matières, une suavité et une minutie inédites. Ses portraits "bourgeois", précis jusqu’au moindre poil, autant que ses compositions religieuses, en font un des pères fondateurs de la peinture européenne. Individualisme grandissant, croissance de la bourgeoisie, aspirations scientifiques : trouvant un équilibre harmonieux entre le spirituel et l’intime, la peinture à l’huile de Van Eyck reflète ou annonce les avancées de son époque.Travaillant les couches picturales d’une façon radicalement nouvelle, le très prolifique Tiziano Vecellio (v.1488-1576) libéra la peinture des contraintes de la ligne et de la forme où l’avait enfermée la Renaissance. Sa façon de déstructurer la matière et de faire la part belle à ce qu’on appelle le "colorito" lui valut d’être considéré comme l’initiateur de la manière moderne. Célébrissime de son vivant, il était le peintre préféré de l’empereur Charles Quint qui le traitait avec autant d’égards que s’il avait été un prince du sang. Si la peinture "moderne" naît avec Titien, à Venise, c’est que l’Europe moderne des grandes puissances est alors en train de se former, et que la Réforme protestante et la Contre-Réforme catholique (fixée par l’interminable concile de Trente) rebattent en même temps les cartes de la spiritualité.